Que n’a-t-il pas été écrit sur Paris au XIX ème siècle? David Harvey nous emporte au croisement des idées sur cette capitale bouleversée par Haussmann et la Commune de Paris. S’appuyant sur Balzac comme d’un prisme sociologique, il revisite la ville qui a connu les mutations des lieux de travail, des changements dus au crédit, et une constante augmentation de la rente et du salaire. Harvey évoque ce prolétariat parisien mythique en citant Rancière et nous apprend qu’en 1851 un surplus de capital et de force de travail plongea la France dans la crise. Le choix se porta sur les grands travaux empruntant la voix du saint simonisme. L’inflation reprit mais les partisans du crédit universel l’emportèrent. Croissance économique et paix sociale en furent les fruits. « Une papauté de la production » vit le jour.
David Harvey . Les prairies ordinaires. 2012. 32 euros. 529 pages.
Ce livre aux riches entrecroisements des sciences humaines a le plaisir d’un papier délicat et d’une typographie choisie. Les illustrations de Daumier, les photographies de Marville sur Haussmann et les graphiques figurant les densités ou les mouvements lui donnent un éclat antique et proposent cet échange entre géographie, lettres et sociologie. Dernier atout digne du jeu des Mille francs, quelques anecdotes comme celle sur les mariés du 13 arrondissement devenue un temps une plaisanterie avant que Paris n’en compte réellement treize.
CG.