OpenEdition et l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) en lutte : continuons à « faire tache d’huile» !

La parole est à la section SUD ESR à Open Édition. Elle revient sur l’action de blocage des sites internet que le laboratoire public « Open Édition » héberge… et qui voient passer 6 millions de visiteurs chaque mois. Excusez du peu !


Texte de SUD Recherche EPST OpenEdition

OpenEdition (unité de service et de recherche 2004) développe, depuis 1999, des plateformes d’édition et de communication numériques de la recherche en sciences humaines et sociales. Le 17 décembre 2019, dans le cadre du préavis de grève interprofessionnelle demandant le retrait du projet de réforme des retraites, une assemblée générale du personnel a voté, à une très large majorité, le blocage des sites hébergés sur les quatre plateformes OpenEdition Books, OpenEdition Journals, Hypothèses et Calenda, ainsi que de tous ses services. Ce blocage était accompagné d’une redirection automatique vers un texte, traduit en six langues, de soutien aux travailleuses et travailleurs des secteurs privé et public en lutte.

La conclusion du communiqué était la suivante :

“Aujourd’hui, 54 assistant·e·s-ingénieur·e·s et ingénieur·e·s travaillent quotidiennement à la mise en ligne et à la diffusion de plus de 530 revues, 9 000 livres, près de 3 200 carnets de recherche, à l’annonce de 43 525 évènements et à la formation de 250 personnes à nos outils chaque année. Ces missions de diffusion et de mise à disposition de la connaissance auprès de toutes et tous viennent en appui au monde de la recherche et sont assurées pour moitié par des personnes contractuelles.

Ancrées dans une réalité sociale, les plateformes numériques reposent essentiellement sur un travail quotidien d’hommes et de femmes. C’est en ce sens que nous nous inquiétons légitimement du maintien et du développement de nos structures dans de bonnes conditions, tout autant pour ceux qui y travaillent que pour ceux qui les consultent dont étudiants, chercheurs, demandeurs d’emploi, retraités…”

Voir : Les personnels d’OpenEdition en lutte contre la réforme des retraites

sur academia.hypotheses.org

Suite à cette action de blocage, une partie du personnel d’OpenEdition souhaite rester mobilisée. De nouvelles actions sont à penser avec nos collègues de l’enseignement supérieur et de la recherche mais aussi avec ceux du secteur du numérique et de l’édition. C’est dans cette perspective qu’un blog a été a été ouvert sur Mediapart motivé « par le besoin d’échanger et de partager des expériences et des idées nouvelles avec celles et ceux qui pensent le monde du numérique dans toute sa matérialité et ses rapports aux réalités écologiques, économiques et sociales. C’est en ce sens que nous essayons aujourd’hui d’inventer de nouvelles formes de contestations qui puissent être visibles et justes. Ce blog est aussi un espace pour nous poser la question de comment continuer à nous opposer à cette réforme des retraites en tant que travailleurs du web ».

Voir : Pourquoi ouvrir un blog sur Mediapart ?

par les invisibles de l’USR

Dans un billet plus complet, on peut y lire les raisons du blocage :

“Les six millions de visiteurs uniques par mois, la dimension internationale et la portée symbolique (auprès du monde de la recherche et au-delà) des plateformes d’OpenEdition, associés à notre invisibilité, nous ont convaincus d’utiliser cet outil numérique (celui que nous développons et maintenons au quotidien) comme une caisse de résonance et un levier pour donner de la visibilité à notre engagement”.

Voir : Une nouvelle place de grève ? Retour sur un blocage numérique

Depuis le début de l’année, d’autres initiatives ont été prises ailleurs dans l’ESR, comme la motion de l’AG du 7 janvier de l’UFR 11 de science politique de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, actant leur entrée dans une grève générale et reconductible jusqu’au retrait de la réforme. Ou encore celle de l’unité mixte de recherche (UMR) CERAPS à Lille. De plus, fait rarissime, une douzaine de revues académiques de sciences sociales, dont certaines diffusées sur OpenEdition ont annoncé se mettre en grève générale. Une partie d’entre elles se sont aussi solidarisées avec le blocage des plateformes d’OpenEdition.

Voir : Faire tache d’huile et œuvre utile chez les chercheurs : dix revues en grève illimitée

sur le site de France Culture

Le 13 janvier, le site du Centre d’Economie de l’Université Parsi 13 (CEPN) a également été rendu inaccessible et affiche un texte se référant à l’action d’OpenEdition du 17 décembre, pour le retrait de la réforme des retraites et contre le projet de loi pluriannuelle de la recherche, voir copie d’écran :

En tant que syndicalistes, mais aussi employé·e·s d’OpenEdition, nous nous associons pleinement à toutes les initiatives prises par nos collègues. Nous sommes persuadé·e·s que c’est en alliant actions visibles (numériques et physiques), convergence entre enseignant·e·s-chercheurs·euses, « fonctions supports » (personnels BIATSS, ITA), étudiant·e·s, et en généralisant la grève pour tendre vers la grève reconductible partout que nous parviendrons à faire plier le gouvernement ! Convergeons aussi avec les autres secteurs mobilisés de l’Éducation Nationale, de la SNCF, des transports et des raffineries pour créer les conditions d’un réel « tous et toutes ensemble » ! Contre cette réforme inique et pour l’amélioration – par le haut – de notre système de retraite par répartition ainsi que des conditions de travail de toutes et tous, secteur public comme secteur privé !

Texte de SUD Recherche EPST OpenEdition