Le grand cirque électoral. Une histoire visuelle des élections et de leurs contestations. Zvonimir Novak. L’échappée. Paris, 2019, 240 pages, 29 euros.
« Votez Deprez, maire de Courbevoie, gaulliste depuis 1941. » ou Votez Pezé, lui aussi , fidèle compagnon de Degaulle. En 1967, dans un camp, il fallait se prévaloir de la plus antique proximité avec le sauveur de la France. C’est ce que montre, en autres, cet ouvrage richement illustré. Remontant aux origines du suffrage universel, excepté les femmes, il parcourt deux siècles d’affrontements, urnes interposées. Des premières élections en 1848 dont le dessein avoué est la fin des insurrections, au retour triomphal de la droite gaullienne, jusqu’à la tentative de Coluche, les mécanismes de l’élection sont racontés par le menu. La carte est alléchante car l’auteur propose quelque cas d’école réjouissants. En général des luttes fratricides pour obtenir un strapontin, tel en 1973 en Meurthe et Moselle, où ça cogne entre centristes, imitant les querelles de 1925 entre radicaux socialistes à Montmorency.
Qui n’a pas ses allumettes Charles Hernu ou son pin’s Georges Marchais ? Comment la barbe fut l’attribut indispensable du candidat ? Cette histoire visuelle n’oublie pas les girouettes, l’espèce la plus répandue dans ce bestiaire. Octave Mirbeau, polémiste et écrivain de renom publie dans le Figaro, La Grève des Electeurs inventant les figures du pêcheur à la ligne et du troupeau qu’on mène à l’abattoir. En contrepoint, des chapitres truculents sont consacrés à tous les abstentionnistes actifs et aux artistes qui surent inventer des farces électorales savoureuses. Dans le genre, les situationnistes n’étaient pas des touristes.
C. G.