Le capitaine Nemo et sa misanthropie dans Vingt mille lieux sous les mers vous donneront une idée des sentiments qui animent Paul Watson, patron de Sea Shepherd. Le personnage ne fait pas dans la dentelle, il éventre les filets à coups d’accrochages. « J’étais né pour donner la chasse au Sierra et le conduire à l’hallali. » En 1979 la revanche de Moby Dick a sonné et le bateau commandé par cet ancien de Greenpeace éperonne ce baleinier. Ses méthodes de pirates le conduisent avec ses équipages hétéroclites de punks, de végans urbains et d’anciens marines à se poster entre les globicéphales des îles Féroé comme à batailler contres les pêcheurs nippons massacrants des dauphins pour conjurer de mauvaises pêches. Paul Watson produit avec talent un récit d’aventure terni, par les coups de ses adversaires permanents que sont « les lâches », les démissionnaires, les mauvais marins, et surtout les bureaucrates de Greenpeace.
Océan Warrior. La genèse de Sea Shepherd. Capitaine Paul Watson, Black star Editions. Saint Etienne-Grenoble 2013, 443 pages, 13 euros.
Son gout pour la défense des animaux le pousse à se servir des journalistes : « Tu peux toujours faire confiance à un reporter qui boit » affirme t-il. Sa volonté farouche de punir les malfaiteurs des océans lui donne apparemment ce droit : « que les actions directes frappent mieux que les mots, que les affrontements violents sont plus efficaces que la rhétorique. » Des excès qui le poussent à ne pas tolérer de discussion à son bord, à voir la démocratie comme gênante à son égard et à ses ordres martiaux, « les tristes dérapages de la démocratie » lui qui se définit comme « bio centrique » Tout récemment la fondation a armé un trimaran à l’effigie de la star Brigitte Bardot. Curieuse submersion : Les phoques apprécieront, les immigrés moins.
CG.