Le syndicat SUD PTT 13 a écrit au préfet des Bouches-du-Rhône. Aux demandes concernant la limitation de l’activité et le respect de mesures d’hygiène se mêlent une critique de fond du « virage commercial » opérée par La Poste.
Objet : Alerte COVID19 sur les bureaux de poste des Bouches du Rhône.
Monsieur
Le syndicat Sud Ptt des Bouches-du-Rhône tient à vous alerter sur la situation des postier-es du département au regard du maintien de l’activité de l’entreprise dans le contexte sanitaire actuel lié au COVID19.
L’ensemble des branches d’activité, des sites et des fonctions sont concernées, à des stades plus ou moins élevés, par cette alerte, et notamment les personnels des bureaux de poste.
Nos dirigeant.e.s ont annoncé que nos activités et missions de service public étaient vitales à la nation.
Ce ne sont certainement pas les collègues auxquel.le.s l’entreprise n’a eu de cesse jusqu’à maintenant de reprocher de n’avoir pas su prendre le virage commercial amorcé depuis la transformation en Société Anonyme qui s’en offusqueront, bien au contraire.
Il apparaît toutefois de plus en plus que la nature « essentielle » de nombre d’ activités maintenues ne relève d’aucune urgence vitale. Ils se questionnent dès lors sur leur potentielle mise en danger au regard des opérations réalisables à ce jour en bureau, et ce d’autant plus que la semaine du paiement des« prestations sociales » se profile ( à partir du 7 avril).
Ainsi, La Poste liste 3 niveaux d’opérations, dont nous contestons à des très rares exceptions près la nature « vitale et essentielle ».
Pour exemple en niveau 1 : Retraits d’argent supérieur à 1500 euro : processus lourd, qui impose notamment 2 déplacements en bureau de l’usager ou de l’usagère (pour commander, et puis pour réceptionner les fonds).
Dans le contexte économique quasi figé actuel, rien ne saurait justifier le maintien de ce type d’opérations. Vous trouverez en annexe copie des missions qui incombent encore, selon notre Siège, au personnel des bureaux de poste.
Si les mesures en place depuis mardi 17 mars dans les bureaux permettent de réguler le flux -qui s’est réduit avec les contraintes de sortie- sans trop de problèmes, l’angoisse monte chez nombre de nos collègues qui voient se profiler avec appréhension la période des prestations sociales pendant laquelle l’affluence est très forte.
Nombre de bureaux restés ouverts sont des bureaux de « Quartiers Prioritaires de Ville ». Les conditions de travail y sont déjà difficiles en temps normal. Cette pénibilité
est aggravée les jours de paiement des différentes allocations : fréquentation ininterrompue, vectrice de fortes tensions, propices aux actes d’incivilités et aux agressions.
Les conditions particulières dans lesquelles s’exerce notre métier à l’heure de la pandémie présentent un risque majeur d’exacerbation de ces tensions et des risques pour le personnel.
Si aucune mesure d’ampleur n’est prise pour limiter la fréquentation aux seules personnes qui ne sont dotées ni de moyen de retrait ou de paiement par carte, c’est-à- dire à celles qui viennent retirer des espèces pour assurer leur subsistance quotidienne, la santé et la sécurité des agents ne sont plus garanties, et par extension celles du public et des usager-e-s.
Actuellement les bureaux de poste ne reçoivent plus de colis qui n’ont pas pu être distribués directement par les facteurs. D’après les dernières rencontres avec nos dirigeants du groupe La Poste, il serait envisagé d’ouvrir les bureaux actuellement fermés spécifiquement pour l’activité de remise de ces paquets.
Outre le fait que cela va créer de la confusion chez les usager-e-s, et créer des tensions risque d’agression, cela va mettre des personnels supplémentaires face au risque de contagion.
Nous demandons par conséquent votre appui pour exiger de nos directions régionales respectives :
- La stricte limitation aux opérations de première nécessité : retraits d’argent limités à 800€ et besoins primaires en matière d’accès aux outils de communication téléphonique (échange et vente de carte sim, ventes de recharges La Poste Mobile)
- La sécurisation de l’accès aux bureaux et le strict respect des mesures barrières dans les files d’attente par des forces de maintien de l’ordre
- Le filtrage de l’entrée de tous les bureaux ouverts pour vérifier la nécessité de la venue, y compris dans les petites agglomérations, par 2 vigiles, avec une jauge maximale d’un.e usager.e par poste de travail disponible.
- La stricte application des mesures d’hygiène collectives, telles que le nettoyage des matériels communs (poignées de porte, interrupteurs, claviers, poste de travail….) et la mise à disposition sans restriction de matériel de désinfection, de savon, de gants, de gels hydro alcoolique, de masques s’il sécurisent les agents
- La possibilité pour les agents de s’absenter régulièrement de leur position de travail pour se laver rigoureusement les mains.
A l’heure actuelle, 5 bureaux de poste du département ont fermé et leur personnel mis en quarantaine, et nous attendons confirmation d’un 6ème cas suspect. Des cas de contaminations dans les établissements du courrier se multiplient, établissements qui quelquefois jouxtent des bureaux de poste.
Dans les prérogatives qui sont les vôtres en tant que responsable de l’ordre public et dans le contexte sanitaire actuel d’extrême contagion, nous vous demandons une intervention la plus rapide possible, afin d’éviter de contribuer à la propagation du virus.
Dans l’attente de votre retour, nous vous adressons nos sincères salutations. Cordialement,
Boites à outils, matériel pour voisin-es et collègues, actus
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