lecture – Dites lui que je l’aime

La députée Insoumise Clémentine Autain qui a eu le courage de parler de son viol et d‘éditer quelques livres sur le sujet, publie un livre personnel au ton très juste, sans fioritures, ni emphase pleurnicharde. Dans Dites lui que je l’aime, titre rappelant le film de Claude Miller ou jouait Dominique Laffin, elle évoque cette actrice qui fut sa mère mais ne fut pas une bonne mère. «  Je t’avais rangée , je m’étais arrangée. » C’est pourtant sa propre fille qui va ressusciter sa mère.

Elle zappait quand passait à la télévision Garçon de Claude Sautet pour ne pas voir cette mère alcoolique dont la présence était rare et inquiétante. Clémentine Autain rêvait de maisons bourgeoises comme de linge parfumé à la lavande, de petits déjeuners Ricoré, en bref d’une famille unie, de soleil, et de sécurité. Sa vie avec sa mère, c’était surtout la bière au petit déjeuner, ses retards, ses enjambées de balcons, ses amants multiples.  Une vie libre pour l’intéressée mais pas pour une enfant de moins de 12 ans qu’était Clémentine. Une impossibilité pour Dominique de s’occuper de son enfant.

« Entre histoire et mémoire, il y a une marge qui vaut bien la taille  d’un piano » écrit-elle.

En 1985 sa mère meurt d’une crise cardiaque, « c’est peut mieux comme ça. » Où peut être pas. Traumatisée par un viol, elle change de sujet de mémoire. Elle choisit l ‘histoire du MLF. Clémentine Autain va tomber sur les féministes radicales, les Pétroleuses et elle qui voulait enterrer le souvenir de sa mère va retomber sur dessus en héritage. Dominique Laffin,  « une femme triste mais libérée. » Féministe, adorée par le cinéma d’alors.

Dans le film de Claude Miller,  Depardieu regarde par la fenêtre les lumières du Pressing du centre, il porte un imper beige, écoute du piano et regarde des lettres. En repoussant de son pied la télévision, elle s’écroule et prend feu. Images de 1977 qui planent sur ce livre.