Après avoir sollicité à de multiples reprises leur administration au cours de ces dernières années (l’an dernier notamment le collège avait été pris pour cible et des flèches d’archer avaient été retrouvées au sein de l’établissement), et après avoir subi de leur part d’âpres rebuffades, le personnel du collège dans sa grande majorité a décidé de se mettre en grève et de bloquer l’accès au collège durant deux jours, les 5 et 6 avril derniers. La réponse fut cette fois plus rapide que d’habitude. Le Recteur, Bernard Beignier, s’est déplacé lui-même le mercredi suivant afin de rencontrer le personnel. Il a écouté les revendications et s’est dit attentif à la situation du collège, sans pour autant garantir qu’une aide spécifique pourra être apportée.
Les motifs de cette colère sont nombreux : le collège Versailles, situé dans le quartier de La Villette, le plus pauvre de France, est délabré et surpeuplé. Ainsi, les effectifs ont augmenté de 23% en 4 ans sans augmentation du nombre d’adultes dans l’établissement, les salles de classes sont trop petites et ne respectent pas les normes de sécurité, huit salles de classe préfabriquées sont depuis plus de 15 ans « temporairement » installées sur le site, qui est lui-même sous l’autoroute, en proie à une pollution permanente. Les travaux de reconstruction, prévus de longue date, sont sans cesse reportés, et la rumeur court dans le quartier qu’ils n’auront jamais lieu. Le panneau qui trônait depuis 7 ans sur le portail annonçant le début des travaux et leur coût (plus de 30 millions d’euros) a en effet été déboulonné par des agents du Conseil Général la semaine dernière, sans aucune explication.
Les enseignants se plaignent aussi du manque de soutien de leur hiérarchie, qui a rédigé un rapport considéré comme calomnieux à l’encontre d’un enseignant. Ce rapport est, selon ses collègues, symptomatique des nombreux dysfonctionnements de la gestion du collège. On y « accuse » un enseignant d’être trop à cheval sur le règlement intérieur, quand celui-ci est depuis longtemps bafoué par de plus en plus d’élèves (violences, bagarres, menaces et même coups envers des adultes au sein du collège) dû au manque de réactivité de l’administration, qui refuse trop souvent d’appliquer des sanctions nécessaires à la vie en société au sein du collège, et bien évidemment au manque de personnel pour encadrer, soutenir et orienter les élèves.
Le personnel du collège Versailles attend des réponses précises à ses revendications concernant en priorité la baisse des effectifs et la création d’un poste de CPE supplémentaire dès la rentrée prochaine. L’absence de réponses concrètes de la part de l’Inspection académique et du Rectorat est vécue comme un abandon et les personnels en grève, soutenus par de nombreux parents d’élèves exaspérés, par une intersyndicale au sein du collège et par Sud Education, ne sont donc pas prêts à abandonner la lutte tant qu’ils ne seront pas entendus, pour enfin obtenir des conditions de travail décentes pour eux et pour leurs élèves.
Des enseignants de Versailles.
Affaire à suivre donc…