Bonjour, nous avons eu la confirmation tardive de la projection du documentaire « La place publique » de Natacha Samuel le premier mai à 15h dans les locaux de Solidaires! Ci dessous la présentation du film. A demain. Serge.
« La place publique » a été tourné pendant le printemps social à Marseille, dans les Assemblées populaires de lutte principalement.
Le dispositif est simple : tout le film s’écrit dans une succession de prises de paroles (ou de cris ou de chants, voire de corps). Des visages qui parlent (certains connus d’autres pas), avec la foule de la ville qui n’apparaît qu’en arrière-plan, parfois en relation mais souvent déconnectée, étanche, comme s’il s’agissait d’un rêve qu’on projette sur le réel.
Pourtant cette orchestration polyphonique n’est pas « hors-sol ». Elle suit le temps réel de la lutte, hors-champs bien présent, et dessine un récit de plus en plus précis : celui d’un élan révolutionnaire en marche, d’une recherche et d’une construction collective, à l’échelle d’une ville aussi libre que folle, aussi truculente que douloureuse. D’une ville surtout porteuse de tous les contrastes : ici la sociologie aussi est en roue libre. Le film réunit des intellectuels et des sdf, des syndicalistes et des jeunes des quartiers hantés par la prison, des femmes musulmanes en colère et des anarchistes.
Il n’est pas ici question de cortège de tête ou de l’organisation démocratique de Nuit debout. Le film propose une autre fenêtre sur le printemps social. Nous sommes à Marseille, où la parole est crue, ample et débridée, où la lutte est installée depuis longtemps. J’ai pris la parole au sérieux, et écouté ce qui y faisait corps, sens, histoire.
A travers la multiplicité des visages engagés dans les mots c’est un discours collectif qui se tisse, dresse l’état des lieux d’une ville / d’un monde en état d’urgence pour mieux trouver comment le prendre d’assaut. C’est la question du commun, de la commune, qui se pose in fine. Comment, aujourd’hui, faire la révolution ?
Et tandis que le film glisse de plus en plus vers le réel et l’ancrage, vers le corps et l’intime de ceux qui parlent, la position du regard se déplace elle aussi. On passe d’une extériorité spectaculaire à un engloutissement au cœur de l’agora. Il semble de plus en plus que c’est à la caméra que l’on s’adresse. Est-ce donc bien alors d’un documentaire qu’il s’agit ? Ou assiste-t-on à la mise en scène d’un appel rêvé à la révolution communale ?