Sortie du numéro 18 des Utopiques, le cahier de réflexions de l’Union Syndicale Solidaires. Avec un gros dossier sur la taule, la vraie, pas celle où on va bosser. Quoique…
Cécile Marcel, directrice de la section française de l’Observatoire international des prisons, dresse un état des lieux. Julien et Florent Cariou évoquent la problématique du travail des prisonniers et des prisonnières : rémunération, conditions de travail, droit syndical, etc., tout est loin des règles applicables au dehors de la prison. La situation sanitaire connue depuis plus d’un an n’est pas sans conséquences : propagation du virus, confinement interdisant les visites. Des prisonnières et prisonniers de Muret et la revue L’Envolée racontent…
En prison aussi, on oublie trop souvent les femmes. Leurs conditions de détention, les problèmes spécifiques qui sont les leurs sont ici traités à travers articles et entretiens, avec Barbara et avec l’équipe de Citad’elles, que nous devons à Élisabeth Claude.
Deux entretiens, l’un avec Gwenola Ricordeau, l’autre avec Joël Charbit expliquent la revendication abolitionniste et la stratégie syndicale dans les combats des personnes détenues. Christian Mahieux retrace par ailleurs des luttes des prisonnières et prisonniers : Groupe information prisons, lancé en 1971 par Jean-Marie Domenach, Michel Foucault et Pierre Vidal-Naquet, Comité d’action des prisonniers, animé notamment par Serge Livrozet, et d’autres journaux/mouvements (Prisons, Otages, Rebelles…). Un autre entretien, cette fois avec un regret, Alexis Grandhaie, ex-secrétaire général de la CGT Pénitentiaire, n’a pas souhaité que nous reprenions son interview ; et les actuels responsables de cette structure n’ont pas répondu à notre sollicitation.
La Coordination des prisonniers en lutte, active dans l’Espagne de la fin du franquisme, est évoquée par Daniel Guerrier. Interviewé par Nara Cladera, Josu Urrutikoetxea, militant basque, une des voix annonçant la dissolution de l’ETA en 2018, nous parle de la situation des prisonniers politiques, dans l’État espagnol et en France. Une illustration par Philippe Arnaud, avec Georges Ibrahim Abdallah, enfermé depuis trente-sept ans.
Stéphane Bouchet apporte l’éclairage d’un syndicat organisant le personnel pénitentiaire. Plusieurs acteurs et actrices de mouvements associatifs et syndicaux abordent d’autres sujets :
Tristan Renard, la psychiatrisation de la prison et la pénalisation de la psychiatrie ;
le GENEPI, la probatoire et la réinsertion ; Marion Bagnaud, les personnes détenues étiquetées « radicalisées » ; Karim Taharount, la double peine. Une présentation du Syndicat de la magistrature complète le panorama.
Fil rouge depuis notre numéro du printemps, la Commune n’est (toujours) pas morte ; Patrick Le Moal interroge : Quelle justice en révolution ?
Hors dossier, trois textes :
- une réflexion sur les tâches syndicales dans la période,
- la reprise d’un écrit de Bernard Noël à propos du massacre d’État du 17 octobre 1961,
- et enfin, sur l’initiative de François Préneau, la réédition d’un document de Robert Cruau traitant de tâches révolutionnaires en France… en 1943.